Première cueillette

En cette matinée fériée j'ai fait un tour en courant. La température était douce, c'était très agréable après les journées grises, fraîches et pluvieuses du début de la semaine. En rentrant j'ai pris une douche et j'étais juste habillé quand mon voisin jardinier sonne : «il y a plein d'abeilles dans les arbres chez toi, sûrement un essaim».
Je file dans le jardin, effectivement un paquet d'abeilles de la taille d'un gros ballon de foot est accroché dans les branches d'une aubépine, à trois mètres de haut. Mon unique ruche qui n'est chez moi que depuis à peine deux mois a essaimé ! Vite je dois les récupérer avant que ces petites noires cherchent un autre gîte.
Branle-bas de combat, j'embarque la brouette, le cueille-essaim, l'enfumoir, le chalumeau, le pulvérisateur rempli d'eau, la vareuse, les gants, les bottes, un vieux drap, un escabeau, un sécateur, une ruche avec deux vieux cadres et des neufs. Je m'habille et fonce avec la brouette sous l'aubépine qui bourdonne. Je mets le drap dans l'herbe et y place la ruche ouverte.
À cet endroit le terrain est en pente, le sol est meuble, ce n'est pas facile de monter sur l'escabeau avec le cueille essaim et le pulvérisateur. Je secoue les branches avec le bout de la perche, des abeilles tombent dans la nasse, sur moi. Le chapeau de ma vareuse s'accroche dans les branches, la grille se colle à mon visage et des abeilles me piquent ! La technique n'est pas la bonne ...
Je vide le sac du cueille-essaim dans la ruche et prends le sécateur. Je déplace l'escabeau pour ne plus être sous l'essaim et remonte pour couper les branches qui gênent l'accès à la grappe d'abeilles. Il me faudra plusieurs cueillettes pour en récupérer le maximum et les installer dans la ruche. L'enfumoir me sert à éloigner celles qui me collent trop. Elles aiment piquer les manches de mes gants.
Ensuite je fait glisser la ruche en tirant le drap pour l'éloigner du voisinage. Je laisse le couvre-cadre entrouvert d'un centimètre. Quelques abeilles battent le rappel à l'entrée, c'est bon signe.
Il est temps de faire une pose. Je prends mes distances sous les arbres pour décourager les petites qui s'accrochent toujours à moi, un peu de fumée contribue à les faire fuir. Dans l'obscurité du garage, j'enlève la vareuse. Je suis trempé de sueur ! Dans la salle de bain je compte trois dards, un dans la lèvre supérieur, un au dessus de l'arcade et un autre dans la joue. Je les enlève, lave tout ça à l'eau très chaude. Ma lèvre commence déjà à gonfler ...
Je retourne voir mon voisin pour lui dire que les hostilités sont finies, qu'il va pouvoir relâcher ses enfants dans le jardin et lui offre un pot de miel pour le remercier. Il se moque de moi et m'appelle Donald à cause de mon bec qui pousse ... Il est infirmier et me conseille de voir un médecin. Il me prescrira de la cortisone.
Ce soir la ruche va prendre sa place à quelques mètres de la ruche mère, avec un peu de sirop. J'ai parlé à mon ami apiculteur de mettre l'essaim au frais, il m'a dit qu'il ne le faisait jamais et que tout se passait bien. Je vais suivre ses conseils.

Beau reportage.
Mais dans ton panier tu as oublié le photographe.  

thdele a écrit:J'ai parlé à mon ami apiculteur de mettre l'essaim au frais, il m'a dit qu'il ne le faisait jamais et que tout se passait bien. Je vais suivre ses conseils.

Il a raison, laisse juste les bières au frais, c'est agréable après de telles péripéties. Bonne continuation avec ton essaim.

Je n'ai sorti l'appareil photo que quatre heures plus tard, l'essentiel c'était l'essaim.
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Et le rafraîchissement aussi bien sûr, bien mérité !

un petit chapeau pour écarter la vareuse du visage

l'homéopathie à de bon résultat aussi pour certain pour amoindrir les gonflements

Merci GYN, les œdèmes se dissipent en deux jours, j'ai l'impression de moins réagir qu'au début.
Samedi à 14h, un nuage d'abeilles s'est de nouveau envolé de ma première ruche pour se poser à deux mètres de l'endroit où s'était regroupé l'essaim de jeudi, toujours dans une aubépine. Quelle chance, cette ruche essaime quand je suis chez moi les week-ends et jours fériés !
La récupération s'est bien passée, sans une seule piqûre cette fois. La petite taille de la grappe semble convenir parfaitement à la ruchette flambant neuve que j'avais. Comme je n'avais plus que des cadres neufs, j'ai prélevé un cadre de miel dans ma première ruche. D'après ce que je ai lu ici depuis, j'aurais peut être dû prendre un cadre de couvain...
Le lendemain il y avait un peu de bagarre à l'entrée des deux ruches nouvellement occupées. J'ai donc rétréci de moitié les entrées. Depuis ça semble plus calme. Ce soir tellement calme que je n'ai pas résisté à l'envie de vérifier rapidement que tout le monde était là. Les couvre-cadres étaient déjà collés, et les abeilles, biens présentes, plutôt mécontentes d'être dérangées.
Je leur donne un verre de sirop un soir sur deux dans l'espoir de les aider à bâtir tous leurs nouveaux cadres.
La ruche-mère des deux essaims doit être pas mal dépeuplée, il n'y plus grand monde dans la hausse qui avait été posée après la récolte du miel de colza. Pourtant c'est là que j'observe le plus de butineuses. Mais je ne sais pas si j'aurais encore du miel cette année.

Merci pour ce beau reportage!