Miel bleu

Cet été, des apiculteurs alsaciens ont eu droit à une drôle de mésaventure. Ils ont récolté dans leurs ruches du miel… bleu. En cause : un dépôt de déchets agroalimentaires que les abeilles avaient pris l’habitude de butiner boudant leurs anciens champs de fleurs.

Jolie couleur, le bleu. Mais pas pour du miel. Celui récolté cet été par une douzaine d'apiculteurs des environs de Ribeauvillé dans le Haut-Rhin avait pourtant cette teinte inattendue. Tandis que pour d'autres, le miel était vert ou brun, la découverte de ces drôles de couleurs ont déclenché un véritable vent d'interrogation dans la région. Quel facteur pouvait être à l'origine d'une telle particularité encore jamais observée ?

Les intéressés, au nombre desquels le président des apiculteurs du Haut-Rhin, André Frieh, ont alors mené l'enquête et n’ont pas été longs à découvrir la cause de cet inquiétant phénomène. Il s’avère qu’en début d’année, trois agriculteurs de la région avaient mis en place, pour le compte de l’entreprise Agrivalor Énergie, une unité de méthanisation. Autrement dit, une structure qui produit du biogaz, de l’énergie et de l’engrais naturel à partir de déchets de l’industrie agroalimentaire. Des déchets exposés dans un entrepôt à ciel ouvert où figuraient notamment des bonbons colorés bien connus, des M&M's produits en Alsace par l'entreprise Mars. Leurs couleurs identiques à celle du miel a alors suffi pour élucider le mystère.

Les abeilles avaient tout simplement dû trouver cette manne alimentaire plus pratique que les champs pleins de fleurs où elles butinaient auparavant... Alerté par les apiculteurs, Philippe Meinrad, un des trois gérants d’Agrivalor Énergie de Ribeauvillé explique, cité par les Dernières nouvelles d'Alsace (DNA) : "Nous avons constaté la situation en même temps qu’eux : des sous-produits plus ou moins sucrés ont attiré les abeilles affamées. Nous les avons tout de suite traités. Désormais, ces résidus sucrés transitent directement par le hall couvert et sont traités dans la foulée. Aujourd’hui, ils ne sont plus en contact avec les abeilles".

Depuis, les insectes sont donc retournés vers leurs champs habituels pour fabriquer à nouveau du bon vieux miel ‘à l’ancienne’. Toutefois, les apiculteurs posent aujourd'hui la question de l'indemnisation du préjudice subi : "tout ce qui vient de l’abeille n’est pas nocif. Les ruches se sont bien comportées. La coloration n’altère pas le goût mais rend notre miel invendable", a jugé André Frieh. "On ne peut même pas appeler ça du miel, c'est des sucres, sous quelle forme, on ne le sait pas. Moi je ne suis pas chimiste, je ne suis qu'apiculteur. Maintenant, l'analyse nous dira exactement ce que c'est", a t-il commenté au micro de RTL.

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